En toute autonomie
Du 7 au 17 mai 2025, les animateur·rices de la ferme-école ont accueilli leur formateur en agroécologie depuis plus de sept ans, Géry, de l’asbl Pas-à-Pas. Pendant cette visite d’une dizaine de jours, ils et elles ont renforcé leurs compétences et leurs savoirs avec un objectif très clair : dispenser eux-mêmes des formations, de manière autonome, à d’autres jeunes agriculteur·rices de la région.

L’accompagnement a débuté par la visite des parcelles. Géry, revenu après un an, a pu constater l’évolution et l’application des techniques transmises. Ce fut aussi l’occasion de planter ensemble un citronnier caviar, symbole d’enracinement et de continuité.
Très vite, le travail s’est concentré sur l’adaptation du manuel rédigé par Pas-à-Pas : un guide complet pour lancer une forêt-jardin ou un potager, que les animateur·rices avaient déjà transformé depuis plusieurs semaines en fiches techniques adaptées au climat sénégalais et aux plantes locales (acacia, jujubier, citronnier, etc.).
À mesure que les journées avançaient, les animateur·rices se sont approprié les contenus, ont réécrit leur propre version des cours et affiné leurs supports pédagogiques.


Le 17 mai, la formation s’est conclue dans une belle énergie collective : « Nous voici à la fin de la formation, tout le monde est content·e de la connaissance acquise. Merci à Géry pour sa disponibilité et sa sagesse. Nous avons maintenant un bon bagage pour commencer à former à notre tour. »
C’était l’un des objectifs initiaux de ce projet de ferme-école. Nous y sommes.

Maraîchage et semences : une saison bien lancée
Dès le 20 mai, la gestion maraichère a repris : repiquage des semis (poivrons) et binage (piments), une technique consistant à débarrasser les pourtours des plants et qui favorise leur croissance.


Un nouvel espace maraîcher a été dégagé pour être dédié à un objectif inédit à la ferme : la reproduction de semences. Un local a déjà été construit à proximité pour garantir leur séchage et leur stockage dans les meilleures conditions, et surtout éviter leur germination.
Produire ses propres semences permet d’en assurer la provenance, la qualité, et de devenir plus autonome financièrement : ne plus en acheter, et pouvoir vendre le surplus aux agriculteur·rices des villages voisins, avec la garantie de semences non modifiées.

Le 18 juin a marqué le début de l’aménagement de la grande culture de l’année : 47 kg de semences d’arachide ont été achetés pour être plantés sur cette nouvelle parcelle. Le labour a démarré le 20 juin.
En parallèle, la ferme a testé une méthode anti-gaspillage à base de « déchets » de tomates (feuilles, tiges, racines), transformés en infusions et décoctions pour enrichir les sols. L’expérience a été documentée dans les fiches techniques mises à jour par Modou, l’un des animateurs.
Bien sûr, l’entretien des autres parcelles n’a pas été négligé : le binage des piments et poivrons – technique consistant à débarrasser les pourtours des plants – a permis de favoriser leur croissance.
Parce que cette gestion attentive ainsi que les techniques de transformations portent leur fruit, les jeunes de la ferme ont été invité à représenter le projet et vendre leurs productions au festival Niumi Adiya, à Toubacouta les 30 et 31 mai. Confitures de tomates, sirops de bissap ou de citron : les produits locaux cultivés et transformés à la ferme y ont été mis à l’honneur, dans une ambiance conviviale. Une belle occasion de partager le savoir-faire acquis et de valoriser les efforts du quotidien.


La serre prend forme
Pour faire face à la saison des pluies, une serre est en construction. Dès le 1er juin, un entrepreneur est venu évaluer les emplacements. Les travaux ont débuté à la mi-juin : installation des câbles d’irrigation, pose du filet de protection, puis de l’ombrage. Cette infrastructure permettra de sécuriser les cultures les plus sensibles, comme les tomates, face aux précipitations abondantes entre juin et octobre.




Jeunes et accompagnement : une mobilisation forte
Le 21 mai, les jeunes d’AJE ont célébré une belle victoire : les campagnes de reboisement des mangroves à l’Aire Marine Protégée de Bamboung auxquels ils ont participé en septembre 2024, ont été classées deuxième parmi les actions les plus impactantes, selon l’évaluation de l’AMP. Une reconnaissance qui renforce leur engagement et leur motivation à viser la première place lors de la prochaine évaluation.


Les liens avec les écoles de Ndoumboudj se sont également renforcés. Le 24 mai, les animateur·rices ont assisté à la journée culturelle et scolaire où les élèves du CEM ont reçu des prix. Une semaine plus tard, ils et elles ont participé à la remise des prix du projet CREPSCOFI à Fatick, célébrant les jeunes filles en sciences dans les 52 villages de la commune. Ces jeunes étaient déjà bien connu·es à la ferme : ils et elles participent à des formations en agroécologie pour pouvoir mettre en place des potagers collectifs dans leur établissement scolaire.


Le 1er juillet, une formation a été organisée avec les élèves de l’école de Dielmo : nettoyage et labour des sols, préparation des semis d’arachides pour la grande culture de la ferme, apprentissage du repiquage des papayers.


Les 27 et 29 juin, les animateur·rices ont aussi formé un groupe de jeunes femmes du groupement d’intérêts économiques (GIE) Sope Mame Diarra, issu du village voisin de Dielmo, à la fabrication de compost. Présentation, hygiène, sécurité, théorie du compostage : tout a été abordé pour permettre à ces femmes de développer des compétences utiles, qui contribueront à renforcer leurs revenus.




Un atelier d’évaluation a eu lieu le 14 juillet avec ce même GIE, rejoint par celui de Toubanding, formé au trimestre précédent aux techniques de transformation de fruits et légumes (en purée ou en jus). Les échanges ont été riches : les participantes ont montré une belle appropriation des techniques et partagé leurs expériences.

Initiatives solidaires
Le 23 juin, lors d’une réunion avec les autorités du village, un besoin a été exprimé : qu’AJE, via Asmae, contribue à l’agrandissement de l’école primaire, partenaire de la ferme-école. En lien avec la future rencontre interculturelle de septembre 2025 (qui verra la venue de volontaires belges étudiant·es en architecture), un projet de construction d’un second bâtiment scolaire a été lancé. Une réponse concrète et solidaire à des besoins locaux.

Synergies et représentations extérieures
La ferme a également multiplié les participations à des dynamiques collectives.
Le 7 et le 26 mai, des ateliers de structuration et de planification ont été organisés avec la DYTAEL de Foundiougne. Ce même jour, elle a reçu la visite de professionnel·les de l’agrotourisme de l’USSEIN, venu·es découvrir le projet de ferme-école.
Le 1er juin, ce sont des représentant·es de l’organisation Natural Justice qui sont venu·es visiter la ferme. Cette structure est engagée pour une gouvernance équitable de l’environnement et des ressources naturelles.


Pas à pas, la ferme-école de Ndoumboudj trace son chemin, en cultivant bien plus que des légumes : elle sème des savoirs, fait pousser des solidarités, et récolte de belles dynamiques locales. Grâce à l’engagement des animateur·rices, à l’implication des jeunes, des GIE, des écoles et des partenaires, le projet devient un véritable levier d’autonomie. Une terre vivante où grandissent des compétences, des idées et des liens durables.